La sagesse malgache est morte
J’ai toujours entendu dire que nous les malgaches étions des gens sages pacifiques, solidaires. On m’a toujours dit que nous étions des fidèles de l’amitié, de la fraternité, de l’hospitalité et tous les bons mots qui vont avec. J’ai toujours cru que c’était des vérités générales, valables 24 heures/24, 7 jours/7, dans tout le territoire malgache.
Du temps de nos ancêtres, dit-on, même une bouse de vache renversée, on y touchait plus car ça appartenait déjà à quelqu’un (tain’omby mivadika tsy misy mpikitika). Mais je pense qu’aujourd’hui, la sagesse, Fihavanana, le Firaisankina, ça n’intéresse plus personne, enfin ça ne court plus les rues. Pourvu que je me trompe…
Mais quand j’entends qu’on kidnappe un gosse de 11 ans pour se faire facilement de l’argent, je me dis que je ne me trompe pas, Sagesse n’est plus. Quand des voleurs de zébus attaquent ses compatriotes parce qu’on leur a pas débloqué leur fond de réinsertion, je dis RIP à Fihavanana.
Quand j’ai la frousse de rentrer tard, quand j’ai peur de me faire détrousser ou trancher la gorge dans ma propre ville, je me dis qu’il y a un sacré problème. Quand tout le monde trouve logique qu’on ne doit ni porter de bijoux en or, ni exhiber ses gadgets dernier cri, parce que ça excite les malfrats, je me dis que quelque chose ne marche pas. Quand une mère jette l’enfant qu’elle vient de mettre au monde dans un bac à ordures, je me demande où t’es sagesse malgache où t’es? Quand des médecins menacent de faire grève parce que l’un de leur collègue est sous mandat de dépôt pour suspicion de corruption, je ne sais plus quoi penser. C’est toujours de la fraternité?
Quand untel s’est fait détrousser, arnaquer ou tuer sauvagement et que tout le monde reste indifférent, je pense que c’est une hallucination collective.
Et je ne pense pas qu’il faut mettre tout cela sur le compte de la pauvreté, de la crise ou autres excuses faciles. On a tous tué la sagesse malgache. On l’a tous étranglée avec nos yeux indifférents. On est tous des complices. Retrouvons-la si c’est encore possible. Recherchons-la … si elle n’est pas déjà à six pieds sous terre.
Signé le blogueur naïf et un peu indifférent.
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