Lettre ouverte à la JIRAMA, la compagnie d’électricité et d’eau de Madagascar
Chère Jirama,
Désolé si j’utilise ce nom si impersonnel. Je ne savais pas justement à qui je devais adresser ma lettre. J’hésitais entre PDG, DG, je ne savais pas à quel responsable de la compagnie me vouer. Peu importe, l’essentiel est que cette lettre parvienne à toi. Toi la source de lumière et de l’eau dans chaque ménage. Toi la source de tout.
*Excuse-moi, je n’ai pas pu trouver un logo de toi de meilleure qualité…
Toi qui es à l’origine de la création et premier responsable du bien être de chaque malgache. Par une simple lampe de chevet, tu fais vivre une ambiance romantique, paramètre très décisif pour le renouvellement de l’espèce. Et par ton absence, tu fais broyer du noir (au sens propre de l’expression) aux amoureux imprudents qui ont le malheur de ne pas avoir d’autres divertissements à part la parade nuptiale. Tu vois naître tous nos bébés désirés ou non. Tu leur permets de prendre leur premier bain avec quoi d’autre de plus que de l’eau.
Mais tout le monde est ingrat et ne se soucie pas de tout le service que tu nous rends pour trois fois presque rien. Moi je me fiche de la qualité de service que les autres compagnies d’eau et d’électricité dans les contrées lointaines offrent à leurs clients. Ces compagnies, elles n’ont qu’à essayer d’apporter la moindre goutte d’eau ou le malheureux petit kilowattheure à chaque toit via des tuyaux et des poteaux qui datent depuis Tonton Gallieni, pour voir. Toi, JiRaMa, JirosyRano Malagasy, tu peux le faire.
Oui, car les tuyaux par lesquels sillonnent nos eaux ne sont plus très jeunes, j’ignore même si on peut les dater avec le Carbone 14, tellement ils sont fossiles. Et tes pylônes et poteaux qui véhiculent les fils haute et basse tension, tu attends que les cyclones leur ôtent la vie avant de les remplacer par des neufs.
L’essentiel est que tu offres le nécessaire et le suffisant à ce peuple fada du superflus et du gaspillage. J’ai entendu dire qu’à chaque fin de mois, nos dirigeants puisent dans ta caisse déjà si maigre pour réparer leur bêtise et renflouer leur tirelire. Si jamais que ce bruit qui court soit vrai, je comprends maintenant pourquoi tu n’arrives jamais à te sortir de la merde car on te force volontairement à y plonger. Tu deviens la risée de tes cousines étrangères.
Et Ils vont jusqu’à se permettre de dire que l’insécurité c’est ton œuvre. Ne les écoute pas, ils sont prêts à affirmer que les bandits n’existent que depuis qu’une lampe du quartier est grillée, comme s’ils allaient laisser leur main à couper que la prostitution n’est apparue que le lendemain du crash boursier de Wall Street. Balivernes.
Ne les écoute pas. Continue d’innover. Il paraît que tu permets maintenant à tes clients de régler leur facture d’électricité et d’eau via leur mobile. Bien, et profites-en pour rire de la galère de tes amis du système qui doivent utiliser deux tonnes de papier et la hiérarchie d’une chaîne trophique pour faire sortir 100 ariary. Traçabilité disent-ils, alors que c’est justement avec ce genre de schémas que le fric disparaît sans laisser de traces. LOL
Cependant, il faut revoir un peu cette manie de nous surprendre avec tes coupures-surprises. Ce n’est pas toujours marrant de se brosser les dents avec du thé ou de broyer du noir dans le noir (dans le sens figuré de l’expression). Je te laisse, j’ai plus de batterie.
Cordialement,
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